27 Janvier 2009
L'impact stratégique qui résulte du contrôle du détroit de "Bab-el-Mandab" est facile à concevoir. Sachant que ce passage commande l'accès à la Mer Rouge depuis l’Océan Indien et par conséquent, les pétroliers et autres tankers qui veulent déboucher sur la Méditerranée via le Canal de Suez, empruntent généralement ce goulot de 30km qui sépare la péninsule arabique des côtes africaines de la Corne Orientale.
Mais il faut croire que cette situation géographique importante n’est pas la seule donnée qui motive Téhéran. Vu qu'en effet, le blocage des transits maritimes des pays du Golfe au niveau du détroit d’Hormuz, suffit à causer un choc énergétique bien au-delà de ce que l’Occident a connu lors du choc pétrolier de 1973 qui était une des conséquences de la guerre israélo-arabe. Mais là il s’agit pour l’Iran d’imposer ses volontés dans une zone maritime qui se situe très loin de son territoire.
Comment peut on lire ces nouveaux engagements de la République Islamique, s’il ne s’agit pas que d’un positionnement tactique permettant à cette dernière d’exercer des pressions économiques, comme moyen de dissuasion à l’encontre de Washington et de Bruxelles !
Si on récapitule les évènements de ces deux derniers mois, on se rendra compte que le régime théocratique n’a fait que suivre la mode et la tendance occidentale, qui veut qu’on renforce la présence navale dans cette région, sous prétexte de lutter contre la piraterie somalienne. Les iraniens se sont dit qu’eux aussi pourraient s’accorder ce genre de privilège et évoquant les mêmes raisons à propos de la sécurité des voies de navigation, ils ont pris contact avec le gouvernement érythréen afin qu’il leurs accorde certaines facilités portuaires. Les voilà maintenant implantés militairement en Afrique et comme la plupart des projets iraniens à l’étranger, ce dernier a été confié à la Brigade Al-Qods, ce corps militaire constitue une vraie légion à vocation extraterritoriale.
Ce déploiement qui s’est déroulé au départ sous couvert, a été annoncé publiquement par les autorités iraniennes. On peut supposer qu’ils ont attendu de finir les préparatifs opérationnels et logistiques, avant de déclarer les aboutissements du projet d’une façon à ce que l’alliance occidentale soit placée devant le fait accompli.
Ce fut une grande manœuvre tactique, parfaitement menée. Il faut réaliser que ce n’était pas du tout évident à mettre en œuvre : il a fallu s’introduire secrètement par sous-marin dans une des zones maritimes les plus surveillées au monde et qu’on pourrait qualifier presque d’hostile ( car il va de soi que la marine de guerre américaine, britannique ou française très présentes dans la région, ne sont pas considérées comme amies, dans la terminologie perse !). Les sous-mariniers iraniens ont mené une bonne infiltration massive dans les règles de l’art.
Tout le matériel installé en Erythrée par les iraniens, a été convoyé par des sous-marins d’incursion commando sur une distance de 2500km. Cette projection de forces englobe toute une gamme de missiles capables de menacer les intérêts commerciaux des éventuels ennemies et assez de systèmes de défense aérienne afin que toute cette logistique ne soit pas trop vulnérable.
Si ce déploiement n’est pas la première implantation militaire des Pasdaran à l’étranger, il est le premier à être annoncé ouvertement et officiellement, toute autre présence extraterritoriale iranienne est officieuse. On peut penser à leur présence discrète au Liban ou en Iraq, ou à des éventuelles bases secrète dans des pays allié comme la Syrie, sans oublier les nouveaux amis tel que le Venezuela. Toutes ses facilités ne sont que de l’ordre de filières. Là il s’agit d’un gouvernement qui n’a jamais été vassalisé et qui octroie aux iraniens le droit d’installer une base avancée qui servira probablement à riposter si l’Iran subit une offensive militaire.
Pour l’Iran, ce nouveau pas va dans le sens de ses trois préoccupations dominantes : L’isolement politique et surtout économique. Le besoin de s’affirmer en tant que puissance régionale (il n’y a que les grandes puissances qui disposent d'implantations militaires à l’étranger et qui soient capable d'échaffauder de telle projection de moyens). La sécurisation de son sol nationale qui aux yeux des irniens revient à sanctifier leur territoire, y compris par la dissuasion nucléaire .
Mais Asmara, a-t-elle quelque chose à y gagner. Il faut croire que oui, même si la rénovation des installations pétrolière érythréennes ne paraissent pas suffisante comme contrepartie. Mais peut-être qu'il s'agit simplement pour ce membre africain de la Ligue Arabe, de contre balancer l'efffet de l'appui américain à son ennemie héréditaire, l'Ethiopie. L'évolution de la situation en Somalie voisine qui vit la renaissance des Tribunaux Islamiques ne pouvait qu'inciter les leaders de la Révolution Islamique à aller dans ce sens. L'Erythrée fait partie des sponsors officieux des milices somaliennes.